Il était tard lorsque Zéalys émergea de sa longue sieste postprandiale. Elle s'étira paresseusement, hésitant encore à quitter les voluptés du sommeil, mais le soleil ne suffisait plus à l'entourer d'un halo de chaleur et elle finit par s'asseoir. Elle était confortablement installé dans un fauteuil de la chambre de Sykaria et Taronaz, lieu qu'elle avait élu pour sa position stratégique par rapport à la position de la cheminée et à la trajectoire des rayons de lumière qui pénétrait par la fenêtre.
Elle bailla lentement, puis d'un bond leste atterrit sur le tapis et se dirigea vers la porte. Elle traversa le couloir de sa démarche chaloupée de féline, et enfin arriva dans la cour où elle s'assit en observant les alentours, avec une immobilité statuesque que seuls venaient troubler les mouvements rapides de ses yeux et de ses oreilles.
Une piste odorante s'imposa brusquement à elle au milieu des odeurs habituelles. C'était un mélange de sang et d'inquiétude, mêlé fort étonnament aux odeurs d'Elise et Muadib. Zéalys quitta sa position et leva le nez pour mieux capter les effluves et déterminer de quoi il s'agissait et où cela se situait. Cela sentait aussi l'animal, mais un animal effrayé. Peut-être un animal blessé entré par erreur dans la forteresse ? C'était un animal sauvage, de ça elle en était certaine. En réalité, les animaux fréquemment en contact des hommes finissaient par avoir une odeur légèrement différente qui les rendaient caractéristiques, surtout les chiens idiots qui leur étaient soumis. Comme tous les chats, elle considérait son espèce supérieure à toute autre, puisqu'il lui suffisait de peu de chose pour soumettre un humain à ses désirs...
Elle avançait à pas lent, suivant la piste qui se dessinait presque matériellement devant elle et enfin se trouva face à la porte de la bibliothèque, un lieu qu'elle n'aimait pas : la poussière la faisait éternuer. Cependant sa curiosité fut plus forte et elle pénétra silencieusement dans la pièce.
Il y avait effectivement Elise et Muadib, et au milieu d'eux une forme gigantesque qui ressemblait un peu à sa maîtresse quand elle se transfomait et qui saignait. Elle plia les oreilles en arrière, brusquement effrayée par ce gigantesque chat inconnu, et malgré elle un feulement monta dans sa gorge alors que tous ses poils se hérissaient pour la rendre plus impressionante...
Ksss !!!
Aussitôt, un mouvement général porta les regards sur elle, y compris celui du fauve, et elle détala pour aller s'abriter tout en haut d'une étagère, hors d'atteinte, tout en continuant à cracher.
Ksss !!!